Lu dans Le jaguar sur les toits (polar de François Arango, Paris : Éditions Métaillé, 2011), page 26-27 :
« Près de la table, un poste de télévision diffusait un microfilm sur un écran noir et blanc. Pour qui pénétrait ici pour la première fois, l’engin gris souris avait l’air rescapé d’une usine soviétique d’ordinateurs. D’autres boîtes de films, sorties des archives de l’INAH [Institut national d’anthropologie et d’histoire], étaient empilées au pied de la table. La jeune femme fit glisser en arrière un siège à roulettes qui poussa une plainte de rhumatisant et pivota vers l’écran. Catarina Marín détestait cet engin d’un autre âge ; si ça n’avait tenu qu’à elle, elle y aurait sans scrupules balancé un de ses hauts talons, histoire d’accélérer l’acquisition de procédés modernes de stockage de données. Mais elle savait que le lecteur de microfilms ne serait pas remplacé pour autant, et toutes ces archives miniaturisées seraient bonnes à mettre au clou. Il fallait même prier, en réalité, pour que l’appareil tienne encore un moment. Elle tourna une molette sur le flanc du lecteur, et un texte défila devant elle, de haut en bas ; puis dans l’autre sens, plus lentement. Alors sa fine silhouette s’enfonça dans son siège. Elle poussa un soupir et glissa à nouveau en arrière, vers la table d’acajou. »
Michel Roberge
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