Lu
dans La rue des voleurs, un roman bouleversant
qui raconte quelques années de la vie d’un jeune marocain sans avenir, amoureux
des livres et de l’écrit animé par un désir d’affirmation d’un humanisme arabe (Mathias
Énard. – Actes Sud / Leméac, 2012).
« Vous êtes payé à la page, 2000 signes, 50
centimes d'euro. Ça veut dire à peu près 100 euros pour un livre moyen. Ensuite
on vous décompte les corrections, à 2 centimes pièce. En recopiant 20 livres
par mois, ça vous fait 2000 euros, plus ou moins, si le travail est bien fait.
J'ai fait un calcul rapide: pour arriver à 20 livres par
mois, disons 200 pages par jour, il fallait recopier 25 pages en 60 minutes. Une
page toutes les deux minutes, plus ou moins. Ce Frédéric était un optimiste. Ou
un esclavagiste, c'est selon.
- Ce ne serait pas plus simple de scanner les livres?
- Pour certains, non. Ceux dont le papier est un peu
transparent, c’est presque impossible, on obtient n'importe quoi. L’OCR n’y
comprend rien, et puis il faut démonter le bouquin, remettre en page, corriger,
en fin de compte ça revient plus cher.
J'avais l'impression qu'il parlait chinois, mais bon, il
devait savoir ce qu'il faisait. » (p. 75)
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