Carnets d'observations en gestion de l'information portée par tout type de support
6 nov. 2009
180 – La protection de la vie privée… fragile, fragile… malgré les bonnes intentions
Dans les médias, la controverse sur la diffusion sur Google Street d’images capturées dans des rues des villes a fait couler beaucoup d’encre, du moins au Québec et au Canada. En effet, des lois y ont été adoptées et mises à jour depuis quelques décennies. Elles ont pour objet de protéger la vie privée et les renseignements personnels. Dans certains cas, il s’agit de limiter l’accès à des renseignements sensibles : numéro d’assurance sociale, numéro de permis de conduire, date de naissance… Dans le cas de Google, il était surtout question de la possibilité d’identifier les visages des personnes apparaissant sur les prises de vues.
Voici un cas un peu particulier :
Une amie de ma fille, mère 4 enfants, et son conjoint ont eu, dernièrement, la surprise de leur vie. Sur une infolettre de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches, une organisation qui recueille des dons afin d’aider des organismes à soutenir des personnes dans le besoin, la photo de l’une de leurs filles a été utilisée avec la citation suivante : « Depuis que mon papa est parti, maman pleure souvent… ». Jugez-en par vous-même.
Une infolettre diffusée dans plusieurs centaines de foyers de la région. Imaginez la stupéfaction et la colère des parents qui affirment n’avoir jamais accordé leur consentement. Et sur le même document, un jeune garçon qui déclare « Depuis que mon père est au chômage, c’est l’enfer à la maison… » ainsi qu’une dame d’un certain âge qui déplore que « Depuis que mon mari est décédé, je me sens seule et perdue… »? Ces personnes ont-elles donné leur assentiment?
Un beau cas de plainte en perspective auprès de la Commission d’accès à l’information pour non-respect de la protection des renseignements personnels dans le secteur privé!
Comment une organisation aussi sérieuse a-t-elle pu commettre cette bourde? L’organisme a beau être désolée « du malaise que cet envoi a pu créer au sein de votre famille» et que l’organisme oubliera à l’avenir l’idée de juxtaposer des citations sous des photos, ça me semble un peu faible comme réponse par rapport à l’impact potentiel du geste. Qui plus est, lorsque dans le courriel d’excuses on y dit que « si vous le souhaitez, nous nous engageons à détruire de notre banque de photos toutes celles sur lesquelles apparaît votre petite », cette proposition inquiète, laissant entendre que d’autres photos ont été stockées sans le consentement des parents.
Bien sûr, tout a certainement été fait de bonne foi et sans mauvaises intentions, mais je ne voudrais pas être à la place de ces parents qui doivent expliquer aux personnes qui ont identifié leur fille que cette affirmation est fausse. Dans de tels cas, il est possible de déposer une plainte à la Commission d'accès à l'information (CAI) du Québec. Une histoire à suivre.
Michel Roberge
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