Dans un passé pas très lointain, à l’époque où les documents d’activité se présentaient exclusivement ou presque d’information consignée sur support papier, du personnel, généralement de secrétariat, était assigné à leur gestion : ouverture des dossiers, étiquetage, indexation, intégration des nouveaux documents, repérage… Les descriptions de postes et d’emplois de ces personnes incluaient la plupart du temps des responsabilités de gestion des documents souvent appelées de manière plutôt restrictive « tâches reliées au classement des documents ». Et les nouveaux professionnels qui commençaient à s’immiscer dans les processus de gestion documentaire se déclaraient alors « Gestionnaires de documents ».
Avec l’introduction progressive de la bureautique et surtout avec l’accessibilité universelle aux solutions technologiques dont, entre autres, les courriels, l’ensemble du personnel des organisations s’est accaparé de toutes les tâches de création, de sauvegarde (classement), de duplication, d’expédition et de réception d’une quantité exponentielle de documents technologiques de moins en moins transférés (imprimés) sur papier. Subrepticement, ils sont tous devenus « Gestionnaires de documents » à tel point que de nos jours, il y a autant de « Gestionnaires de documents » qu’il y a de salariés, tout niveau d’emploi confondu.
Les professionnels du métier ont inconsciemment vu leur identité usurpée par l’ensemble de leurs clients de sorte que ce titre n’a plus de sens eu égard à la fonction. D’ailleurs, cette traduction littérale de l’expression anglaise « Records Managers » n’a jamais vraiment correspondu aux fonctions assumées : c’est-à-dire celles de soutien à la conception, au développement, au déploiement, à la maintenance et à l’évolution des systèmes organisationnels de gestion des documents. Fonctions devenues plus qu’évidentes dans un contexte de démocratisation des outils techniques et technologiques pour la gestion intégrée des documents (GID) en format papier et technologiques.
Personnellement, depuis le milieu des années 80, je ne me suis jamais identifié en tant que « Gestionnaire de document » (la gestion se déclinant en activités de planification, d’organisation, d’administration et de contrôle de l’objet géré) ni d’ « Archiviste » (gestionnaire des documents d’archives de conservation permanente). Tout au cours de ces années, la fonction de « Conseiller en gestion documentaire » m’a semblé correspondre davantage au rôle que j’ai et que je continue d’assumer maintenant en tant qu’ « Expert en gouvernance documentaire ».
Michel Roberge
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