17 oct. 2013

810 - Vers une société de « jobs à la con » ?

Tel est le titre d’un pamphlet d'un anthropologue à la London School of Economics et une des figures du mouvement Occupy Wall Street, David Graeber qui dénonce la bureaucratisation de l'économie et la multiplication des emplois inutiles qu’il a baptisés « bullshit jobs ».

Selon lui, « l’aliénation de la vaste majorité des travailleurs de bureau, amenés à dédier leur vie à des tâches inutiles et vides de sens, tout en ayant pleinement conscience de la superficialité de leur contribution à la société ». Il cite John Maynard Keynes, qui, en 1930, prédisait que les avancées technologiques permettraient d’ici la fin du XXe siècle de réduire le temps de travail hebdomadaire à 15 heures par semaine.

Si la robotisation du travail a bien eu lieu dans de nombreux secteurs, « la technologie a été manipulée pour trouver des moyens de nous faire travailler plus », énonce Graeber. « Pour y arriver, des emplois ont dû être créés et qui sont par définition, inutiles », explique-t-il, donnant en exemple « le gonflement, non seulement des industries de service, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la croissance sans précédent de secteurs comme le droit des affaires, les administrations, ressources humaines ou encore relations publiques ».

Et Graeber de conclure : « C’est comme si quelqu’un inventait tout un tas d’emplois inutiles pour continuer à nous faire travailler. »

Parfois, par rapport aux technologies de l’information qui nécessitent des investissements en coûts et en efforts humains devant nous simplifier la tâche et devant lesquels nous nous butons souvent à des problèmes hors de notre contrôle nécessitant une panoplie de spécialistes et d’intervenants devenus indispensables, jusqu’à déboucher sur des projets hors proportion, j’en viens à penser que cet anthropologue n’a peut être pas tout à fait tort.

Michel Roberge

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