19 août 2014

935 – Le coût « réel » d’une « mauvaise gestion des documents »


Peut-on vraiment opposer les coûts potentiels de la recherche de documents dans une organisation, associée à une perte de temps considérable, à celui d’une solution logicielle ? Les investissements requis pour l’acquisition de cet outil informatiques sont facilement évaluables. L'évaluation des dépenses engendrées par le temps consacré par le personnel à rechercher et à trouver l’information nécessaire à la réalisation des activités est parfois théorique.

Les spécialistes de la gestion des documents d’activité savent que ce n’est pas parce qu’on fait l’acquisition d’une solution technologique que la qualité de la gestion des documents atteindra des sommets insoupçonnés et que les gains d’efficience de cette fonction du management dépasseront les attentes. La redéfinition des processus, l’établissement d’outils de structuration des séries documentaires, la gestion du changement, la maintenance de l’ensemble du système sont des incontournables : l’outil informatique n’étant qu’un moyen de mettre le tout en application. Un nouveau contenant en parallèle avec les anciens non intégrés, voire humainement non intégrables, aux nouvelles pratiques.

Quoiqu’en laissent croire les promoteurs de la GED comme panacée à l’efficacité des organisations d’aujourd’hui, la technologie dont on dispose est utilisée par des humains. En gestion documentaire, la performance des systèmes (outils techniques et technologiques) mis en place repose sur le respect, par l’ensemble du personnel tout niveau hiérarchique confondu, des bonnes pratiques mises en place.  On aura beau faire l’acquisition du progiciel de plus complet et le plus tape-à-l'œil qui soit, si la formation (le transfert du savoir et du savoir-faire sur les bonnes pratiques, l’accompagnement (la conformité aux règles établies) et le soutien (la pérennité du système) des utilisateurs des documents, l’exercice risque de décevoir.

Les impacts insoupçonnés de schémas de classification sous-développés sous prétexte de les rendre plus faciles à assimiler par le personnel et de règles de gestion du cycle de vie des documents définies par typologie documentaire plutôt que par dossiers (pratiques suggérées dans les technologues) sont trop souvent considérés comme minimisés par les multiples fonctionnalités des solutions technologiques. Le risque est grand de ne normaliser qu’en partie les processus de gestion documentaire et d’abandonner à l’absence de rigueur organisationnelle l’organisation de l’information portée par tout type de support.

D’accord, on peut peut-être évaluer qu’en 2014, dans une entreprise comptant une vingtaine de salariés, il en coûte annuellement 28 000 $ en « perte de temps liée à la mauvaise gestion des documents ». Il est toutefois hasardeux, voire simpliste, de conclure que la différence entre cette dépense et le coût d’une solution de GED à moins de 16 000 $ / an correspondra à l’économie escomptée. Le temps étant aussi de l’argent, il faudrait intégrer dans l’équation les efforts continus et soutenus pour alimenter adéquatement le système et assurer sa stabilité et sa maintenance à long terme. Le principal défi dans un contexte de mobilité des ressources humaines.

Michel Roberge

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