Dernièrement, je recevais une invitation à participer à une rencontre de réseautage devant regrouper des "gestionnaires de l’information" actuels et futurs. J’ai souvent l’impression que pour se donner une image plus dynamique, certains intervenants du métier cherchent à utiliser des expressions qui vont dans ce sens. Mais des expressions comme Gestion de l’information ou Gestionnaire de l’information ont-elles vraiment un sens? En soi, les mots "gestion" ou "gestionnaire" ne font pas problème. Du moins dans les deux expressions mentionnées précédemment. Je reviendrai dans un autre billet sur l’à propos du mot "gestionnaire".
De l’information, c’est quelque chose d’intangible : des renseignements, des connaissances, du savoir, du savoir-faire, de l’expertise. Un peu comme une impulsion électrique dans le cerveau des acteurs dans une organisation. Mais peut-on gérer de l’intangible? On peut recevoir de l’information. On peut en transmettre. On peut la garder pour soi ou la partager. On peut la stocker dans notre mémoire humaine. Il n’y a de trace d’information que lorsque celle-ci est consignée de façon tangible. C’est alors que l’on crée des documents, de l’information fixée sur un support traditionnel, le papier, ou technologique. N'est-il pas vrai que le jour où l’être humain a commencé à reporter sur un support quelconque ses connaissances, son savoir… (dessin, écriture, son, image fixe puis animée…), les documents qui en ont résulté se sont accumulés et ce sont les documents qui ont pu être gérés? Et l’évolution accélérée des sociétés humaines a été rendue possible.
Vous conviendrez avec moi qu’un support sans information (par exemple un formulaire vierge) n’a aucun intérêt, encore que ce formulaire peut nous renseigner sur certaines pratiques administratives. Mais une idée, une analyse, une opinion, une réponse à une question ou à une demande d’un client qui ne ne sont pas consignées sous une forme physique quelconque n’ont pas d’existence.
Alors peut-on vraiment déclarer que l’on gère de l’information? Gère-t-on plutôt des documents, des éléments tangibles, quels que soient les supports utilisés? Ce qu’on appelle maintenant la Gestion intégrée des documents en format papier et technologiques. Pourquoi ne pas utiliser une expression qui décrit davantage l’objet géré? Comme si le mot « document » était péjoratif, réducteur, dans un métier qui cherche à s’imposer dans l’océan technologique qui inonde les administrations.
Michel Roberge
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