16 déc. 2009

197 - Redde Caesari quae sunt Caesaris…

Cette locution du Nouveau Testament (Matthieu, XXII, 21), « Rendez à César ce qui appartient à César » trouve aussi son sens quand on pense que les civilisations humaines conquérantes ou colonisatrices se sont fait un devoir de piller celles qu’elles ont conquises ou colonisées. Deux exemples qui alimentent l’actualité nous amènent à nous interroger sur le droit de propriété de documents qui faisaient partie du patrimoine d’une nation.

On connaît tous la pierre de Rosette qui fut découverte dans le village de Rachïd (Rosette), en 1799 pendant la campagne d'Égypte de Napoléon Bonaparte. Un document important qui a permis le déchiffrement de l’écriture égyptienne par Jean-François Champollion une vingtaine d’années plus tard. Or cette stèle est exposée au British Museum depuis plus de 200 ans. Récemment, le chef du Conseil suprême des antiquités égyptiennes, M. Hawass, a réclamé sa restitution : « Elle appartient à l’Égypte, elle devrait y revenir […] Nous vous l’avons offerte comme un don de courte durée, nous devons récupérer notre don ». Il semble que le British Museum ne consentirait qu’à étudier une demande de prêt seulement et non disposé à remettre à l’Égypte cet élément du patrimoine égyptien, et bien d’autres!

Autre exemple. En 1945, un soldat américain, John Pistone, a trouvé dans une résidence d’Adolf Hitler (Berghof dans les Alpes bavaroises) un album de photos de toiles sélectionnées par le dictateur nazi pour son projet de Führermuseum à Linz (Autriche). Toujours vivant, cet ancien combattant avait conservé ce document chez lui, en Ohio. Des recherches sur Internet d’un ami de M. Pistone ont permis de découvrir qu’une fondation texane pour la protection de l’art avait récemment participé à la restitution de deux autres albums appartenant à une série sur des œuvres d’art volées par les nazis à des juifs. Il semble que l’album « emprunté » par l’ex-militaire américain ferait partie de la même série. Son « emprunteur » a promis de le restituer officiellement à l’Allemagne. Une histoire qui a une fin plus respectueuse des sources documentaires que la précédente.

Michel Roberge

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