9 janv. 2012

501 - La question qui tue...

En ce début de l’année 2012, j’ai le goût de lancer cette question qui me trotte dans la tête depuis le début des années 90, à l'époque où j'étais responsable du Certificat en gestion des documents administratifs et des archives de l'Université du Québec à Montréal (UQÀM) [certains de mes ex-étudiant(e)s s'en souviendront] :

Considérant la définition de la Gestion des documents d’activité (Records Management) énoncée dans la norme ISO 30300 [3.4.3 – « Champ de l’organisation et de la gestion en charge d’un contrôle efficace et systématique de la création, de la réception, de la conservation, de l’utilisation et du sort final des documents d’activité… »], que pensez-vous de l’idée

1. de déplacer la formation universitaire des futurs spécialistes de la gestion intégrée des documents (GID) en format papier et technologiques depuis les programmes d'Histoire et de Bibliothéconomie pour l'intégrer dans ceux des Sciences de la gestion?

2. d’en profiter pour mieux structurer le programme de formation à partir d’un baccalauréat spécialisé (3 ans) en gestion des documents reposant sur une vision management du métier?

Michel Roberge

4 commentaires:

Julie Duchesne a dit...

Je suis d'avis, en effet, que la formation universitaire dans notre domaine n'a pas sa place dans un département d'Histoire! L'Université de Montréal, pour sa part, a fait un pas dans la bonne direction avec l'EBSI.

Par contre, je trouve totalement déplorable qu'il n'y ait pas encore de baccalauréat! Les certificats en Archivistique et en Gestion de l'information numérique de l'EBSI sont loin d'être suffisant pour préparer les futurs spécialistes à gérer un service de GID!

À quand le BAC? Qui a le pouvoir de faire changer les choses dans les universités?

kboughida a dit...

Je suis pour le bac mais à condition que les employeurs suivent

Sébastien Gagnon a dit...

1ère partie

Je ne connais pas vraiment la dynamique des familles et des départements à l’Université, mais comme disait le regretté Jacques Grimard, l’Archivistique se retrouve au confluent des sciences de la gestion et de l’histoire.

Un des gros problèmes dans notre domaine en est un de crédibilité ou plutôt de reconnaissance. Dans le monde des affaires, n’importe qui peut d’improviser spécialiste en documentation. Il n’y a pas de formation nécessaire pour gérer la documentation dans une entreprise : dans la tête de certains dirigeants, une secrétaire suffit à la tâche. Nous passons plus de temps à justifier notre valeur, à convaincre des dirigeants ou à gérer le changement (souvent confronté à de la résistante) qu’à mettre en place une gestion documentaire efficace.

Est-ce que le fait d’être sous le chapeau des sciences de la gestion amènerait cette crédibilité ? Peut-être. Je dirais même que s’il y avait des cours de gestion documentaire pour nos futurs gestionnaires, ils seront plus ouverts à notre profession.

Sébastien Gagnon

Sébastien Gagnon a dit...

2e partie
Je me pose souvent la question dans mon travail : suis-je formé pour répondre aux défis devant moi ? Je répond trop souvent non à cette question. Toutefois, comme plusieurs de mes collègues de travail, c’est en faisant des essais – erreurs que nous apprenons ou comme disent les plus vieux : on apprend sur le tas.

Un baccalauréat en gestion des documents serait en effet plus complet comme formation. Nous pourrions avoir des cours sur la gestion administrative d’un centre de documentation ou un département de archives, des cours de didatique pour former les gens de l’entreprise (gestion de formation, gestion de classe, théories d’apprentisage adulte, etc.).

Il y a 2 problèmes que je vois à priori : Tout d’abord, les personnes s’inscrivant au certificat ont pour la plus part déjà un diplôme universitaire. Ces personnes suivent les certificats pour des besoins dans leur travail quotidien ou lors d’une réorientation de carrière. Très peu de candidat arrive directement du Cégep, ils passent par un autre programme universitaire (en particulier l’histoire) ou arrive du marché du travail. Pour ceux qui suivent le programme technique de documentation vont aller travailler quelques années avant de s’inscrire au certificat (Gestion des documents et des Archives; Archivistique ou information numérique) afin d’avoir une meilleure rémunération. De plus, quel est le bagage d’expérience de ces jeunes sur le marché du travail et principalement en documentation? Après 3 ans de formation, ils seraient mieux formé, mais à quel point? Qui plus, la formation collégiale est principalement conçu pour nos bibliothèques sans être vraiment au point pour nos gestionnaires de documents administratifs.

Avec un certificat, nous allons chercher des personnes qui s’occupent de documentation par nécessité. Si nous abolisons le certificat, nous perderons ces gens de qualité par la longueur des études. Pour ma part, je verrais bien 3 certificats (vous avez un bacc par cumul) qui serait divisé ainsi : 1- Gestion des documents administratifs et des archives; 2- Information numérique et 3- Gestion et politiques pour gestionnaires des documents administratifs et des archives[Les titres peuvent changer, ce sont des thèmes généraux]. Nous pourrions aller chercher autant les personnes qui veulent être mieux formés que les autres qui désirent avoir simplement quelques cours.

D’autre part, le marché du travail n’est pas encore vendu (ou obligé par des lois) à l’embauche de gestionnaires dédiés à la documentation et des archives. Présentement, nous avons 4 types de personnes qui travaillent en documentation : 1) les techniciens (collégial); 2) les universitaires 1er cycle (certificat); 3) les universitaires 2e et 3e cycle et finalement, 4) les autodidactes. Est-ce que les entreprises sont prêtes à payer pour ces nouveaux professionnels ? Ils ont déjà de la difficulté à engager un spécialiste du domaine et ce n’est pas parce qu’il aurait un baccalauréat qu’il y aurait des ouvertures.

Pour ceux qui oeuvrent dans le domaine, les diplômés ont débuté sur le marché du travail par de petits contrats à droite et à gauche, de différents types et durés. Ils ont pu toucher à plusieurs aspects de la profession avant d’avoir la chance d’avoir un poste permanent ou à tout le moins, à long terme. C’est dommage, mais il manque beacoup de formation continue dans notre domaine. Les ordres professionnels obligent leur membres à faire de la formation continue. Tandis que nous, ayant eu notre diplôme dans les années 70, 80, 90 et même dans les années 2000, les formations sont peu existantes et surtout, au bon désir des gens.

Sébastien Gagnon