J’ai reçu quelques courriels de personnes qui ne souhaitent pas publier leurs commentaires (ce que je respecte) et qui ne sont pas d’accord avec l’opinion que j’ai émise dans mon Billet 109 concernant la traduction par le gouvernement français de l’expression « Records Management » par « Gestion de l’archivage ».
Je persiste et signe : je rappelle que le « Records Management » a pour origine les États-Unis d’Amérique et ce concept a été énoncé au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. L’État américain en pleine croissance, entre autres aux prises avec une augmentation considérable de la masse de ses dossiers, particulièrement ceux des services sociaux offerts aux militaires blessés de retour au pays et aux veuves de guerre, a développé une démarche structurée de gestion de ses documents. Un des ouvrages phares sur le sujet a sans nul doute été celui de William Benedon publié en 1969 et intitulé Records Management. Un manuel qui m’a personnellement sensibilisé à la gestion des documents « administratifs » (je sais que cette expression n’a pas, en France, le sens que je lui donne : documents de gestion interne et des domaines d’affaires d’une organisation) et auteur que j’ai eu l’honneur de rencontrer, à Montréal, au début des années 90.
Et je demeure convaincu que le « Records Management », système et processus en amont de la gestion des documents d’archives de conservation permanente (« Archives Management ») constitués d’une portion des documents pris en charge par le « Records Management » a le même sens en anglais, entre autres, en Australie et en Grande-Bretagne. C’est aussi le cas au Canada (gouvernement fédéral) et dans les provinces anglophones.
Il reste à espérer que la norme ISO 15489-1 Information et documentation – « Records Management » ne sera pas renommée ISO 15489-1 Information et documentation – « Gestion de l’archivage », elle qui affirme, à l’article 1, note 1 en pied de page, que « les archives historiques ne sont pas couvertes par la présente partie de l’ISO 15489 ». On nagerait alors dans la plus grande confusion, déjà que le texte lui-même de la norme n’a pas la limpidité qu’on s’attendrait à retrouver dans un tel document!
Michel Roberge
4 commentaires:
Quels sont les arguments et opinions contenus dans ces courriels?
Particulièrement qu'en France les expressions « Gestion documentaire » et « Gestion des documents » n'ont pas le sens que l'on veut attribuer à la fonction « Records Management ». Quant à l'expression « Gestion des documents administratifs », elle est trop limitative et ne suggère pas l'intégration la gestion des documents en lien avec les activités opérationnelles, d'exploitation ou de mission.
L'expression "Gestion de l'archivage » serait alors un compromis.
Il y a aussi cette perception que ce ne sont pas tous les dossiers et les documents d'une organisation qui doivent être pris en charge par le système dit de « GID » : seulement les séries documentaires importantes.
Si on inverse la situation, au Québec, je serais curieux de sonder le milieu : je mettrais ma main au feu que la grande majorité des personnes interrogées associent cette expression au processus de « Versement des archives » auprès de l’unité administrative ou de l'institution responsable de la préservation et de la mise en valeur des documents d'archives de conservation permanente.
On me dit également que c’est un débat stérile et qu’il vaut mieux se concentrer sur les objectifs et les résultats attendus de la fonction. Je suis tout à fait d’accord avec une attitude proactive, mais je crois important de l’appuyer sur l’utilisation d’un vocabulaire signifiant tant pour les gens de la profession que pour nos clients. Je suis aussi conscient que l’on doit respecter l’environnement culturel du pays dans lequel évolue notre métier.
Merci pour votre réponse.
Pour le cas suisse (francophone), il me semble que la pratique la plus courante est de ne pas chercher à traduire "records management". Dans la partie germanophone du pays, on parle le plus souvent de records management dans le secteur privé, mais dans le secteur public, on trouve aussi l'expression "GEVER", pour "Geschäftsverwaltung" ou gestion des affaires, qui combine la gestion des processus et des "records".
Il me semble que c'est effectivement la meilleure solution de ne pas tenter de traduire une expression qui a déjà son sens.
Merci de m'avoir m'informé de la pratique germanophone suisse.
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