On trouve vraiment de tout sur le Web. À preuve : je lisais dernièrement, sur le blogue d’une entreprise québécoise qui se dit sérieuse, des commentaires relatifs à la destruction des documents à la suite de leur numérisation qui m’ont fait sursauter. D’autant plus que je viens de terminer de rédiger un module de plus de 60 pages sur « Le transfert et la migration des supports d’information » de mon nouveau livre sur la gestion intégrée des documents (GID), un processus qu'il ne faut surtout pas prendre à la légère! Il y a des gens qui écrivent vraiment n’importe quoi, et dans ce cas-ci, dans une langue française plutôt déficiente.
Selon ce « spécialiste en GÉD » (Gestion Électronique des Documents), la numérisation des documents a pour grand avantage de réduire les coûts en espace de bureau [Comme si numériser des documents ne coûtait presque rien]. Mais ce qui m’a surtout étonné d’apprendre est que la règle qui permet de reconnaître la valeur juridique des images numériques est le « calendrier de conservation » [Faux : le calendrier de conservation d'une organisation n'assure pas la valeur juridique du transfert de support de ses documents!]
Le processus de transfert de support nous est proposé de manière très affirmative : lors de la numérisation des documents, il faut « conserver un historique de la conversion en prouvant [J’aimerais bien savoir comment] que la source originale du document électronique avec minimalement les informations suivantes [Ne manquerait-il pas quelques mots dans cette phrase?] : format originale [sic], format final et le nombre de dpi du document numérisé [Cet énoncé repose sur une lecture un peu rapide de la Loi concernant le cadre juridique des technologies de l'information]. » Et, l'auteur de poursuivre : « Logiquement, nous y ajouteront [sic] les informations telles [sic] le nom et la date de la transformation » [Expliquez-moi, docteur GÉD, comment on peut nommer une « transformation »].
Et le pseudo spécialiste qui signe à titre de « consultant professionnel » de continuer en affirmant que « le processus semble lourd car noter ces informations à mesure peut devenir une lourdeur [Ça risque vraiment d'être très lourd!] administrative » et c’est là « que le choix d’un bon logiciel [Qu'est-ce qu'un « bon » logiciel?] d’archivage électronique entre en ligne de cause [Je crois qu'on dit « en ligne de compte »] car certains d’entres eux conservent automatiquement l’historique des documents que l’on numérise [Ah oui? Vous m'en direz tant! Un petit peu de pensée magique en prime?] », un « détail primordial » pour les notaires, les avocats et les comptables qui sont obligés « de conserver leurs documents originaux durant plusieurs années et plutôt à risque d’êtres impliqués dans des poursuites » [J'ai beau relire et relire cette phrase : je ne suis pas certain de comprendre].
Mais quelle sorte de lecture a pu bien faire ce blogueur de la Loi concernant le cadre juridique des technologies de l’information du Québec? Tout professionnel du métier qui se respecte considérera que ce message est plutôt réducteur en n'offrant qu’une solution technologique à une problématique complexe. Nous savons tous que c'est d'abord sur les processus qu'il faut agir et, ensuite seulement, sur le choix d'une solution technologique.
« Peut-on détruire un document numérisé? » était le titre accrocheur du billet de ce blogueur. La réponse est « Oui » mais oubliez l'argumentaire improvisé et les affirmations fallacieuses ci-dessus que je me devais de dénoncer. Car, si elles étaient suivies à la lettre, elles pourraient grandement affecter les droits et les obligations d'une organisation.
En terminant ce billet, je viens de tomber sur un autre texte, du même blogueur convaincu et un brin humoriste, qui vante les mérites de la GÉD. Vraiment incroyable! N'importe quoi! Je pense que ça vaudra la peine que j’y consacre une autre intervention dans le prochain billet.
Michel Roberge
2 commentaires:
Monsieur Roberge,
C'est avec intérêt que je lis votre carnet depuis son lancement. Votre regard éclairé sur le monde de la gestion intégrée des documents est une source de motivation pour le jeune professionnel que je suis. De plus, votre carnet est à mon avis unique en son genre, puisqu'il s'inscrit dans le contexte "archivistico-juridico-linguistique" du Québec.
Cependant, prenez garde, quelques humaines coquilles se glissent quelquefois dans vos billets:
"Mais ce qui m’a surtout étonné d’apprendre [est] que la règle..."
"...le calendrier de conservation d'un[e] organisation..."
Je le souligne ici, puisque vous utilisez la piètre qualité du texte comme élément pour appuyer votre argumentation. Ceci dit, j'applaudis votre intervention.
Au plaisir de vous lire prochainement,
Benjamin Sutton
Merci pour votre oeil averti et vos encouragements.
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