11 mai 2012

557 – La France a son DSK, le Québec aura bientôt son DSQ : les deux font jaser

Au Québec, le projet de mise en place du Dossier de santé du Québec (DSQ) informatisé soulève des interrogations quant à la protection d’informations sensibles relatives aux clients su système de santé. Un article du journaliste Pierre Pelchat publié le 10 mai 2012 dans le journal Le Soleil de Québec rapporte ces commentaires intéressants du docteur  Gaétan Barrette, président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) à propos de la sécurité entourant les documents en format papier et technologiques :

« Quand on fait un dossier électronique, ça ne veut pas dire qu'on va rendre tout lisible à tout le monde. C'est ça la prémisse de votre discours qui est complètement fausse. À partir du moment où vous avez une donnée qui est complète, vous pouvez rendre accessible à une certaine catégorie de gens l'accès à une partie des données ».

« Vous avez le pouvoir électroniquement pour n'importe quelle donnée électronique de donner accès à une partie ou non selon le rôle, le titre, la catégorie d'un intervenant. Et c'est hypersimple à faire. On n'est pas dans la physique nucléaire. On est dans la gestion des accès, ce qui existe dans tous les réseaux ».

De plus, le docteur Barrette soutient que le dossier électronique d'un patient sera mieux protégé contre les intrusions que le dossier papier dans les hôpitaux et les cliniques : « À peu près n'importe qui qui a accès au papier dans les hôpitaux peut tout voir de tout le monde. Quand j'entends que tout ne devrait pas être public, ce n'est pas public. C'est un dossier électronique. Il est protégé et il est protégeable. La question de la protection, c'est le rôle de l'État. Il n'y a rien de public là-dedans ».

De plus, le journaliste rappelle qu’avec « le dossier électronique, il sera possible de retrouver toutes les personnes qui auront eu accès au dossier, ce qui n'est pas le cas avec les dossiers papier ».

Michel Roberge

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Il est toujours curieux de voir la preuve que le cerveau est bien l'organe le plus paresseux. Cela va d'une solution qui est justifiée par le problème (le couple est, bien sûr, unique et éternel), passe par le FMI qui n'aime pas les femmes de chambres et aboutit à : dieu binaire est l'appui ultime de toutes les organisations technocratiques.

En France, il y a le DMS (je crois) qui est l'équivalent du DSQ québécois. Son problème est la non adhésion des médecins ; et pas par éthique : plutôt pour des critères de confidentialité de responsabilité. Mais les articles qui en traitent sont extrèmement confidentiels.

Mais vous, Michel Roberge, vous ne nous donnez pas votre opinion sur cette démarche audacieuse qui permet d'accrocher au Cloud les informations personnelles les plus précieuses : portes ouvertes à tous les eugénismes biologiques, sociologiques et économiques.

Il est vrai qu'un tel article soulève un tel amalgame de pseudo certitudes qu'on ne sait pas par quel bout le prendre.

Peut-être par le bout de l'amalgame : le rapprochement DSQ - DSK finalement !

Cload77

Michel Roberge
Expert en gouvernance documentaire
a dit...

Personnellement, je suis partisan du DSQ informatisé. C’est un incontournable pour assurer des soins de santé appropriés. Les quelques expériences vécues dans le système de santé québécois m’incitent à croire en la nécessité d’un tel regroupement d’information médicale su un même individu. Personnellement, j’ai une portion de mon dossier médical dans deux cliniques privées (une dans mon ancienne localité de résidence et une autre dans une clinique sans rendez-vous en situation d’urgence) et dans quatre centres hospitaliers différents de la région. Et autant de dossiers individuels, aucun dossier complet! Je suis certain qu’un grand nombre de citoyens en cumulent davantage.

Mais j’ai publié ce billet particulièrement parce qu’il soulève, comme d’autres mis en ligne précédemment, le problème de la sécurité des supports d’information en énonçant, comme vous le dites si bien Cload77, des "pseudo certitudes" : le papier est-il plus sécuritaire que les supports technologiques et vice-versa? La sécurité des données est importante (ici au Québec, avec la Loi sur l’accès aux documents et sur la protection des renseignements personnels, on est extrêmement chatouilleux sur le sujet, peut-être même trop).

Mais la protection des renseignements médicaux va aussi au-delà du DSQ : je me rappellerai toujours avoir été témoin dans un hôpital de la conversation d’un médecin avec son patient dans une chambre hébergeant trois malades qui m’a permis de prendre connaissance, ainsi qu’à l’ensemble de personnes présentes, d’un grand nombre de détails sur le passé médical de cette personne.

Le débat est ouvert au Québec : on en parle abondamment dans les journaux. Encore ce matin un éditorial dans le journal Le Soleil traite du sujet. Il faudra bien un jour trancher.