Le 14 août dernier, Marjorie Paillot publiait sur le site Je suis archiviste et j’aime mon métier ce
commentaire relatif aux compressions budgétaires imposées par le gouvernement
Harper à Bibliothèque et Archives Canada. Je me permets de le reproduire puisqu’il
soulève des questions importantes sur les décisions de gestion qui ont un
impact que l’accessibilité au patrimoine archivistique canadien :
Presque une décennie plus tard, rebelote : l'état des fonds documentaires, publié en février 2012, s'inquiète des dégradations externes auxquelles sont exposées les archives, comme cette Gazette de Halifax datant de 1752, mais aussi les 20 millions de documents qui l'accompagnent, sans compter les photographies, enregistrements et autres œuvres d'art. Sylvain Bélanger, directeur de la division de la gestion de la Collection analogue [sic], se félicite donc : « En ramenant tout sous un même toit, nous aurons une vue d'ensemble plus précise et nous pourrons voir où nous en sommes. »
Et quel toit : un entrepôt gigantesque, construit en trois ans, pour lequel 34 millions $ ont été investis, mais aussi une douzaine d'autres hangars, qui accueilleront chacun une partie des fonds documentaires. Entravé par une coupe de 9,6 millions $ dans son budget, Bibliothèque et Archives Canada se séparera à la rentrée de plus de 200 employés, dont 21 archivistes sur un effectif de 61 personnes.
Encore plus alarmant, le personnel affecté à la numérisation et à la circulation des documents sera réduit de moitié : « Bibliothèque et Archives Canada a des milliers de documents historiques qui devraient être exposés pour que tous puissent les voir. Au lieu de cela, ils sont gardés dans une chambre forte. Il est triste de penser que la population ne pourra jamais les voir – que l'on prive la population de son patrimoine » s'inquiète Doug Marshall, président national du Syndicat des employés nationaux. L'unité des prêts entre bibliothèques sera également fermée.
Pour conserver au mieux : enfermer et jeter la clé, une méthode à l'efficacité prouvée. »
Et ce
constat n’est peut-être que la pointe de l’iceberg quand on sait que
depuis plusieurs mois, les ministères et les organismes fédéraux doivent
évaluer par eux-mêmes la valeur historique des documents devenus inactifs ou en
voie de le devenir pour leur versement auprès de Bibliothèque et Archives
Canada (BAC). Obligés qu’ils sont à libérer des espaces d’entreposage que BAC
doit supprimer. Quelle sera la valeur représentative des futures archives de
conservation permanente du gouvernement canadien si cet exercice est réalisé
par des personnes de bonne foi à partir d’une vision plus administrative qu’archivistique,
historique et patrimoniale?
La perte d’information interprétative du passé ne se limiterait donc pas uniquement à l’évanescence appréhendée des documents issus des technologies de l’information?
Michel Roberge
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