26 janv. 2009

66 – Quelques notions d’archivistique par un auteur de best sellers

En voyant la bande annonce du film Anges et démons tiré du roman du même titre de Dan Brown, je me suis rappelé de la scène suivante dans laquelle le héros, Robert Langdon, s’introduit dans les locaux des Archives secrètes du Vatican. Je vous invite d’ailleurs à visiter l’intéressant site Web des archives vaticanes où vous trouverez, entre autres, une visite virtuelle à travers les fresques et les documents de l’institution. J’ai donc relu, avec un plaisir renouvelé, la description qu’en fait l’auteur aux pages 215 à 218 de l’ouvrage non illustré publié par les éditions JC Lattès en 2005 :

« Langdon et Vittoria étaient maintenant seuls devant la double porte qui ouvrait sur les Archives secrètes. Le décor du hall d’entrée se composait d’un curieux mélange de moquette neuve, de colonnes et sol en marbre, et de caméras de surveillance voisinant au plafond avec des chérubins.
[…]
ARCHIVO VATICANO
Conservateur : Père Jaqui Tomaso
[…]
Depuis son entrée à la direction des Archives secrètes, jamais [le Père Jaqui] n’en avait autorisé l’accès à un chercheur non catholique. Les historiens d’art et des religions le surnommaient Il Cerbero. Il était l’archiviste le plus intransigeant que la terre ait porté.
Langdon poussa devant lui les deux battants de la porte et pénétra dans le sanctuaire.
[…]
Les Archives du Vatican. Un de ses rêves les plus chers se réalisait.
[…]
Il avait imaginé d’antiques bibliothèques couvertes de poussière et croulant sous de lourds volumes abîmés, encadrant de longues tables où des religieux se plongeaient dans l’étude de vieux manuscrits et parchemins, à la lueur des bougies et de sombres vitraux.
Rien de tel.
[…]
Pour protéger les vélins et les parchemins de la chaleur et de l’humidité, on enfermait les rayonnages dans des compartiments vitrés hermétiques dont on pouvait contrôler l’atmosphère.
[…]
- Le fonds est informatisé, dit Langdon. Il doit être sur Biblion, je pense.
[…]
Il s’approcha d’une console et pianota sur le clavier. Ses craintes se confirmèrent immédiatement.
- Un bon vieux catalogue aurait été beaucoup plus simple.
- Pourquoi? S’étonna sa compagne.
- Parce que les livres, eux, ne sont pas protégés par un mot de passe.

[…]
Levant les yeux sur les inscriptions fixées sur le flac des rayonnages, il entreprit de les lire un à un en longeant la cloison vitrée.
PIETRO L’ERMITA… LE CROCIATE… URANO II… LEVANTE…
- Le classement n’est pas alphabétique.
Cela ne le surprenait pas. L’ordre alphabétique d’auteur était impossible à respecter, en raison des trop nombreux ouvrages anciens anonymes. Le classement par titre n’était pas plus satisfaisant, car la collection était très riche en parchemins non reliés et en correspondances. C’est donc la chronologie qui prévalait le plus souvent dans ce genre de bibliothèque. Mais ce qui déconcerta Langdon, c’est que le Vatican ne semblait pas l’appliquer non plus…
[…]
- J’ai l’impression qu’ils ont un système de classement particulier.
[…]
- On dirait un classement thématique.
[…]
En fait…, il s’agit peut-être du catalogage le plus astucieux que j’aie jamais connu, se dit Langdon en y regardant de plus près. Il encourageait toujours ses étudiants à s’intéresser aux sujets et aux tonalités d’une période d’histoire de l’art, plutôt que de se noyer dans les détails des dates et d’œuvres spécifiques. L’archivage du Vatican semblait obéir au même principe. Dégager les grands mouvements…
[…]
Tout y était rassemblé. Les chroniques et la correspondance de l’époque, les œuvres d’art, les données sociopolitiques, les analyses contemporaines… dans un seul et même emplacement. La compréhension du sujet y gage en profondeur. C’est génial…
[…]
- Mais que font-ils des documents qui traitent de plusieurs sujets?
- Les étagères regorgent d’indications de renvois, expliqua Langdon en lui montrant les petits onglets de couleur insérés entre les volumes. On vous oriente vers les documents qui sont classés ailleurs, parce que leur thème principal est différent.
»

Intéressante, n’est-pas, cette réflexion sur l’organisation physique d’un fonds d’archives et sur les moyens de trouver un document qui doit s’y trouve?
Michel Roberge

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