17 juin 2009

129 – Fermeture inacceptable d’un centre d’archives, gardien d’une partie importante de la mémoire nationaliste québécoise

Dans le journal Le Devoir du 10 juin 2009, on apprenait que confrontée à un déficit de plus de un demi-million de dollars et victime de la crise financière (perte de 300 000 $ de revenus de placements), la Fondation Lionel-Groulx de Montréal est dans l’obligation de se départir de ses fonds et de ses collections d’archives et probablement aussi de ses archivistes. Deux de ses principaux bailleurs de fonds, la société Hydro-Québec et l’institution financière québécoise Desjardins l’ont aussi abandonné. Nos grandes institutions québécoises fortunées n’auraient-elles plus « le goût du Québec »?

Il semble que désormais, cette collection unique et historique de documents grands nationalistes québécois (Lionel Groulx, François-Albert Angers, Olivar Asselin, Henri Bourassa, André Laurendeau, Gérard Filion…) serait répartie entre les centres d’archives de Montréal et de Québec de Bibliothèque et Archives nationales (BAnQ). Inacceptable compte tenu de la nature des documents qui devraient demeurer regroupés. Je ne suis pas dans le secret des dieux de BAnQ, mais comment se fait-il qu'on abolisse un centre d'archives privées agréé?

Nos documents d’archives, particulièrement ceux qui témoignent de la lutte des Québécois pour leur survie en tant que nation francophone en Amérique, méritent un meilleur sort. Il faut dire notre mémoire nationale est, depuis quelques années, noyée dans un « magma » documentaire au sein d’une institution, BAnQ, dont le premier élément de la mission énoncée sur son site Web est d'abord « de rassembler, de conserver de manière permanente et de diffuser le patrimoine documentaire québécois publié et tout document qui s'y rattache et qui présente un intérêt culturel, de même que tout document relatif au Québec et publié à l'extérieur du Québec ». Comme l’intérêt pour les archives publiques et privées ne se manifeste qu’au quatrième paragraphe sur cinq de cette mission, il n’est peut-être pas étonnant de constater que pour sauver les meubles, l’institution se rabat sur le rapatriement pur et simple des documents. Trop facile et, si on en croit les propos du journaliste du Devoir, peu respectueux des liens organiques entre ces fonds d’archives en les relocalisant en des lieux différents!

Michel Roberge

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