18 janv. 2010

205 – Une des facettes du désastre à Haïti : la destruction d’une très grande partie des documents de gouvernance.

Pendant que l’aide humanitaire internationale s’efforce tant bien que mal de sauver des vies, de soigner les blessés et de sécuriser la population haïtienne, opération qui prendra certainement des semaines, voire des mois, la reconstruction du pays sera la prochaine étape. Les informations actualisées qui nous parviennent nous permettent de constater à quel point l’État haïtien ainsi que ses municipalités et ses organismes de santé et d’éducation ont subi des pertes d’infrastructures quasi irrécupérables : infrastructures physiques, matérielles et technologiques. Compte tenu de mon métier, ma préoccupation est aussi portée sur les ressources informationnelles détruites en partie ou possiblement récupérables parmi les débris, sous des tonnes de béton et des amas de poussière. Lorsque les pelles mécaniques, les rétrocaveuses et les bulldozers vont commencer à déblayer les ruines, le risque d’une plus grande perte est à craindre.

Nous sommes tous conscients que dans un tel contexte la reprise des activités, la légitimité des actions, la protection des droits, la gouvernance au quotidien sont définitivement en péril. Qu’en était-il avant le séisme? Et même avant les autres sinistres (inondations, tornades…) qui ont frappé ce pays au cours des dernières années? Le cas de Haïti, à cause des événements récents, occupe la presque totalité de nos préoccupations. Mais des situations similaires, d’une ampleur généralement non comparable, se produisent régulièrement. Et aussi dans un grand nombre de pays pauvres (n’ayons pas peu des mots) à la suite ou non cataclysmes.

Une ONG « Gestion documentaire sans frontières (GDSF) » pourrait-elle contribuer aux efforts de reconstruction du pays?

Plusieurs corps professionnels ont créé des infrastructures d’aide sous forme d’organisations non gouvernementales (ONG) dont il existe par exemple des sections québécoises : Médecins sans frontières (MSF), Pharmaciens sans frontières (PSF), Reporters sans frontières (RSF), Avocats sans frontières (ASF) à qui j’ai emprunté, sur leur site Web, l’image qui parle par elle-même et qui illustre ce billet, Enseignants sans frontières (ESF), Ingénieurs sans frontières (ISF)… Il y a bien l’organisation Archivistes sans frontières (ASF), une initiative catalane dont il existe une association française. Cette ONG se spécialise davantage dans l’aide à la sauvegarde du patrimoine archivistique (principalement les archives historiques) de certains pays africains ou du bassin méditerranéen).

Le désastre sur cette partie de l’île Hispaniola devrait peut-être nous inciter à envisager la création d’une nouvelle ONG dédier à aider les organisations sinistrées à récupérer et à rendre accessible les documents administratifs et les dossiers de gouvernance : une telle organisation, «Gestion documentaire sans frontières (GDSF) », pourrait avoir comme mission (très pointue, j’en conviens) d’intervenir en situation d’urgence pour le redémarrage des services administratifs d’organismes publics stratégiques. Une organisation qui pourrait avoir son siège social à Québec et qui, à partir d’un pôle d’expertise québécoise de toute origine en Gestion intégrée des documents en format papier et technologiques (processus et savoir-faire, ressources professionnelles et techniques, ressources matérielles… et surtout transfert local de connaissances) permettrait de regrouper les forces du métier au service des organismes dans le besoin. Il me semble que compte tenu de l’expertise acquise dans les milieux publics et privés depuis près de 45 ans, c’est au Québec que cette noble initiative devrait être prise.

À partir d’objectifs définis par les entités sinistrées et en appui aux ressources spécialisées locales, il serait alors possible de récupérer tout ce qui est récupérable, de reconstituer les éléments manquants, de réorganiser et d’entreposer le tout pour le rendre utilisable au moyen des technologies numériques. On pourrait aussi imaginer que des moyens d’hébergement temporaires pourraient sécuriser la gouvernance jusqu’à ce que les administrations puissent les reprendre en charge. Des tâches certainement colossales, des chantiers à moyen et à long terme avec un souci de pérennité pour l’avenir.

Je suis conscient que la mise sur pied d’une nouvelle ONG ne peut se faire du jour au lendemain, mais avec l’appui et l’expertise d'autres organisations similaires, un tel projet pourrait certainement être en mesure d’offrir ses premiers services dans des délais raisonnables (si la raison a sa place dans de telles circonstances). C’est une idée qui vaut ce qu’elle vaut. Elle est peut-être farfelue. Je la lance, telle une bouteille à la mer. Je vous invite à la relancer à votre tour en faisant circuler l’adresse précise de ce billet :

http://gestarcarnets.blogspot.com/2010/01/205-une-des-facettes-du-desastre-haiti.html

Qui sait? Elle peut faire du chemin si elle trouve des appuis et des intérêts.

En attendant, il faut sauver des vies et soutenir à notre choix l’une ou l’autre des principales ONG dans leurs missions humanitaires à Haïti:

- Centre d’étude et de coopération internationale (CECI)
- Croix-Rouge canadienne
- Médecins sans frontières (MSF)
- OXFAM Québec
- UNICEF

Michel Roberge

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