10 févr. 2010

217 - Haïti : Ce qui devait arriver, a commencé à arriver

J’ai écrit le billet précédent au cours du week-end du 6 février. Hier soir, en processus de veille sur différents aspects qui touche mon métier, je suis tombé sur cet article désolant publié sur le site Web de Courrier international et intitulé Dans les ruines, la quête de biens négociables. Mes appréhensions soulevées dans des billets antérieurs (203 et 205) sont maintenant confirmées. Je me permets de reproduire le texte cet article qui mérite d’être mis en évidence :

« Il n’y a plus qu’un terrain vague au coin de la rue Pavée et des Magasins-de-l’Etat, là où se trouvait, jusqu’au 12 janvier, le principal bureau de perception de la compagnie Electricité d’Haïti. De l’EDH, il ne reste que des gravats et de la poussière. La ville est plongée dans le noir depuis le séisme, et les archives commerciales de la compagnie sont éparpillées aux quatre vents.

Quelques centaines de mètres plus loin, le bâtiment du Parlement, le Palais législatif, est comme coupé en deux : une partie gît, monticule de ruines, et une autre, blessée et éventrée, laisse apercevoir bureaux disloqués, classeurs ouverts et fauteuils sans dossiers. Aucune mesure particulière ne semble prise pour sauvegarder les documents ou les biens du corps législatif qui dorment là à ciel ouvert.

En face, près de la mer, ce sont le mugissement des pelleteuses et la danse des gros camions du Centre national des équipements qui donnent vie à l’ancien local de la chancellerie. Quelques détrousseurs de cadavres s’activent pour rechercher sacs à main ou téléphones. Des récupérateurs de métaux éventrent un classeur, aussitôt chargé sur une brouette qui attend d’être remplie pour partir vers une destination inconnue.

Là non plus, aucune précaution ne semble être prise pour inventorier, protéger ou conserver les documents qui se trouvaient dans le bâtiment du ministère des Affaires étrangères. Tout s’en va, fatras d’un temps révolu, dans les bennes des camions du CNE, qui font un travail exemplaire de déblaiement.

Sur l’avenue Charles-Summer, au siège du ministère de la Justice, le scénario est le même. Une excavatrice, un bulldozer et des camions s’esquivent, s’évitent, des personnes se servent dans l’immense pile de débris qui orne la cour de cette ancienne belle propriété qui fut jadis un hôtel.

Ici, aucun petit pillard ne rôde autour des restes de cet important ministère. Les murs d’enceinte ne sont pas tombés, les agents de sécurité qui sont encore en poste et les policiers disséminés sur tout le périmètre donnent l’impression que tout se passe dans l’ordre le plus parfait. Cependant, l’indifférence face aux dépouilles des documents administratifs est la même. Rien n’est récupéré, comme s’il fallait que l’Etat ancien disparaisse, tels les morts du 12 janvier que l’on enterre à la va-vite.
»

Cet article est complété par un diaporama de Frédéric Sautereau qui mérite d’être visionné, car il n’y a pas que les documents qui sont détruits, la vie quotidienne des Haïtiens l’est tout autant. Et le pire est à venir avec les pluies diluviennes prévues au cours des prochaines semaines.

Il continuer à sauver des vies et soutenir à notre choix l’une ou l’autre des principales ONG dans leurs missions humanitaires à Haïti :

- Centre d’étude et de coopération internationale (CECI)
- Croix-Rouge canadienne- Médecins sans frontières (MSF)
- OXFAM Québec
- UNICEF

Michel Roberge

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