12 juill. 2016

1184 – Environnement légal et réglementaire sur la GID au Québec : on dort au gaz

En révisant le contenu de mon manuel portant sur La gestion intégrée des documents en format papier publié en 2009 pour en publier une nouvelle version en septembre 2016, j’ai constaté, sept ans plus tard, à quel point l’environnement légal et réglementaire québécois encadrant ce domaine est figé dans le béton :

Une Loi sur les archives (1983) et son Règlement sur le calendrier de conservation, le versement, le dépôt et l’élimination des archives publiques vétustes, s’appuyant sur la théorie des trois âges pour la gestion du cycle de vie des documents d’activité, un modèle conceptuel passéiste conçu initialement pour la gestion des dossiers physiques (documents en format papier) dont on nous annonce une révision depuis plusieurs années.


Une Loi concernant le cadre juridique des technologies de l’information (2001) qui annonçait à l’article 69 toute une série de règlements potentiels qui n’ont jamais été édictés :

1°  critères qui permettent de reconnaître qu’un document présente, sur son support d’origine, une valeur archivistique, historique ou patrimoniale ;
2°  critères d’utilisation de fonctions de recherche extensive de renseignements personnels dans les documents technologiques qui sont rendus publics pour une fin déterminée ;
3°  procédure d’accréditation, les conditions d’octroi et les délais d’obtention de l’accréditation ou d’une modification des conditions d’accréditation, les conditions relatives au renouvellement, à la suspension ou à l’annulation de l’accréditation ainsi que les frais afférents ;
  cas et conditions d’utilisation d’un support ou d’une technologie.

La même loi qui prévoyait (art, 63 à 68) la mise sur pied d’un comité pour l’ « harmonisation des systèmes, des normes et des standards techniques, groupe de travail qui, à ma connaissance, avait été créé en 2010 (9 ans après l’adoption de la loi et j’en avais parlé sur ce blogue). Dans un courriel en date du 26 mars 2010, le président du comité m’avait mentionné qu’il était « certain que les travaux du comité d’harmonisation feront l’objet d’une large diffusion ». Rien vu à ce jour sur les résultats des travaux de ce comité qui devait avoir pour mission :

1°  d’assurer la compatibilité ou l’interopérabilité des supports et des technologies ainsi que des normes et standards techniques permettant de réaliser un document technologique, de le signer ou de l’utiliser pour effectuer une communication;
2°  d’éviter la multiplication des procédures, particulièrement en ce qui a trait à la vérification de l’identité des personnes;
3°  de favoriser la standardisation des certificats et des répertoires ainsi que la reconnaissance mutuelle des certificats;
4°  de garantir l’intégrité d’un document technologique par des mesures de sécurité physiques, logiques ou opérationnelles ainsi que par des mesures de gestion documentaire adéquates pour en assurer l’intégrité au cours de tout son cycle de vie;
5°  d’uniformiser les pratiques d’audit, lequel comporte l’examen et l’évaluation des méthodes d’accès, d’entretien ou de sauvegarde du support, des mesures de sécurité physiques, logiques ou opérationnelles, des registres de sécurité et des correctifs apportés en cas de défaillance d’un élément pouvant affecter l’intégrité d’un document;
6°  de formuler des recommandations quant à l’application de la loi.

Définitivement, au Québec, on dort au gaz, dans une fonction du management des organisations essentielle à la gestion efficace et efficiente des activités de mission et de gestion administrative des organismes publics québécois. Pendant qu’on Europe, la mise en place de systèmes de gestion des documents d’activité s’appuyant sur un corpus de normes adaptées à la réalité actuelle des environnements technologiques est devenue une préoccupation de plus en plus partagée.

D’ailleurs, dans les services publics et dans le milieu professionnel québécois, il est à se demander sérieusement, en 2016, où cantonne le leadership dans le domaine et ce qui explique cet immobilisme. 

Aucun commentaire: