24 janv. 2011

373 - Quand la fiction rattrape la réalité

Dans son septième opus, Louis Hamelin (La constellation du lynx. – Montréal : Boréal, 2010. – 594 pages) raconte, sous forme romanesque, les vrais événements de la Crise d’octobre 1970 : un diplomate britannique enlevé et le ministre du Travail kidnappé par deux cellules terroristes du FLQ (Front de libération du Québec), ce dernier retrouvé inanimé dans le coffre d’une voiture dans le stationnement d’une base militaire dans la banlieue sud de Montréal.

L’écrivain met alors en interaction une grande quantité de personnages aux noms modifiés dont, entre autres, un dénommé Chevalier Branlequeue, éditeur, poète et professeur de littérature à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et un de ses étudiants et « tâcheron de plume » Samuel Nihilo (Sam pour les intimes). Dans la trame dramatique, comme on peut le constater dans l'extrait reproduit ci-dessous, l’auteur incrimine ce dernier qui, à la recherche de la vérité sur cet assassinat ou sur cet accident, a subtilisé certains documents versés à la Bibliothèque nationale (BN) après la mort, en 1999, de son mentor :

« Sam posa devant lui, sur son bureau, la grande enveloppe jaune marquée Affaire de poulets. La méthodologie n’avait jamais été le fort de Chevalier, ni les dossiers bien rangés, les chemises de carton avec un thème ou un sujet bien identifié, les fiches de références, les étiquettes autocollantes. Il était plutôt du genre à fourrer des coupures de journaux et des feuilles volantes couvertes de gribouillis et pliées en quatre n’importe comment dans une enveloppe semblable à celle que Samuel tenait maintenant dans ses mains.

À l’UQAM, cette enveloppe bien épaisse et fatiguée avait attiré son attention, parmi un tas de paperasse de moindre intérêt à première vue.
[…] S’accordant la préséance sur les gratte-papier de la BN, Sam l’avait glissée ni vu ni connu dans son porte-documents. Il serait toujours temps, ensuite, de faire suivre le tout au Fonds Chevalier-Branlequeue des Archives nationales. » (p. 84)

Dans la foulée des articles récents publiés dans le journal Le Devoir concernant le vol d’une partie de notre mémoire patrimoniale, admettez avec moi l’à-propos de la fiction!

Michel Roberge

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