Dans un article publié le 23 janvier 2011 dans le journal Le Soleil de Québec, Didier Fessou partage ses réflexions à savoir « du livre de papier ou du livre électronique [lequel contribue] au développement durable? ». Son intervention est en réaction à une opinion d’un lecteur qui affirmait que le « livre électronique permet de sauver beaucoup d'arbres, qui auraient servi à faire du papier et à détruire davantage l'environnement ».
Pour démontrer que le livre de papier l’emporte sur son équivalent technologique, le chroniqueur s’appuie sur les postulats suivants : « Un sylviculteur plante des arbres. Trente ans plus tard, des forestiers les récoltent et des camionneurs les acheminent à une usine. Là, des ouvriers les transforment en papier. Puis d'autres camionneurs portent ce papier à une imprimerie. Le livre qui en sort est expédié à un libraire. Où n'importe qui peut l'acheter. Une fois ce livre lu par son acquéreur, d'autres pourront le lire. Et quand ce livre aura terminé sa vie utile, il sera recyclé pour faire... du papier! »
Quant au livre électronique, il est « fabriqué en Asie et fait de plastique, c'est-à-dire du pétrole, une ressource épuisable. Sous le plastique, des circuits électroniques constitués de métaux rares. Ces métaux rares sont une autre ressource épuisable. Pour faire fonctionner le bidule, ça prend des batteries. Je vous passe le couplet sur le recyclage des batteries. Après quelques années, l'objet tombe en désuétude. Comme tout ce qui est électronique. Mis dans un cargo, il est retourné en Chine où des parias du monde moderne tenteront de récupérer certaines de ses composantes ».
Force est de constater qu’il n’a pas tort dans son argumentation. Les outils technologiques qui dit ont deviennent de plus en plus « intelligents » sont éphémères : génération d’ordinateurs, de téléphones portables, de caméras Web… et maintenant de tablettes de lectures (j’ai encore en main, soit dit en passant, plusieurs de ces artefacts qui se sont fait déclasser par l’arrivée de nouveaux produits) dont la durée de vie est plus que limitée par rapport aux moyens dont on disposait autrefois. Ne sommes-nous pas à l’ère de l’usure rapide des biens de consommation qui deviennent rapidement obsolètes?
Les librairies et les salons du livre regorgent d’un nombre de nouvelles publications en papier qui donnent le vertige. Un potentiel de recyclage incomparable avec les montagnes de produits technologiques qui s’accumulent dans certains dépotoirs de la planète. Il y a parfoir un sens caché de certains de nos choix.
Michel Roberge
2 commentaires:
Bonjour monsieur Roberge, votre billet sur le développement durable m'a grandement interpellé.
Au départ, j'étais également un peu sceptique quant au véritable impact environnemental de la réduction de la production de papier... À l'instar de Didier Fessou, je me disais: "On consomme moins de papier, mais plus d'écrans, de claviers, de téléphones, de tablettes, etc." Toutes des choses assez polluantes et difficiles à recycler.
Ceci dit, je me suis mis à constater quotidiennement l'effet de l'informatisation.
Prenons pour seul exemple les journaux. En les lisant en format électronique, on économise évidemment du papier, mais aussi beaucoup d'essence! Imaginez le réseau de transport nécessaire à la distribution des quotidiens du Québec, du Canada, des États-Unis, etc. Tout cette énergie pour livrer à chaque jour l'édition d'un journal qui est rapidement lue, jetée et recyclée. Et encore beaucoup de transport et d'essence pour la recycler...
Au delà des impacts respectifs de ces deux modes de transmission de l'information (papier ou numérique), je pense qu'il d'abord se demander si nous sommes vraiment prêts à abandonner le mode numérique? Et prêt à abandonner Internet?
En fait, présentement, nous vivons dans les deux modes... avec leur impacts environnementaux respectifs et combinés. Si nous ne sommes pas prêts à abandonner le numérique, je crois qu'il vaut mieux l'utiliser de manière optimale. Nous possédons déjà les outils alors pourquoi ne pas s'en servir avec leur plein potentiel, dont celui de la réduction maximale de papier?
Évidemment, il y a un gros travail à faire au plan du recyclage. Et il faut également travailler à allonger la durée de vie des équipements informatiques. À cet égard, je salue le travail des entreprises qui réparent les vieux PC pour les revendre à bas prix aux moins fortunés. C'est une victoire à la fois environnementale et démocratique.
Excusez-moi pour le long commentaire... :-)
Jeannot Bourdages
Expert en gouvernance documentaire a dit...
Les moyens technologiques laissent une empreinte environnementale difficile à évaluer réellement. Leur production, leur utilisation et leur disposition exigent une panoplie de ressources qu’il est impossible d’en estimer les impacts. Personnellement je crois qu’il ne faut rien prendre pour acquis et toujours garder un sens critique face à une certaine pensée magique que la technologie est verte. Je crois comme vous qu’il faut allonger le cycle de vie de ces outils puissants dont on ne peut définitivement pas se passer : la preuve, nos échanges sur un sujet qui nous anime.
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