31 août 2009

151 - La première boutique de livres numériques francophones en Amérique du Nord

Enfin, la diffusion du livre électronique (e-book) francophone prend son envol au Québec. Simultanément avec le lancement de la nouvelle tablette de lecture PRS-600 de Sony qui permet d’y stocker jusqu’à 350 livres, le groupe Archambault inaugure sa boutique numérique : plus de 20 000 livres à télécharger à partir du site JeLis.ca. Une quarantaine de catégories et un objectif : bonifier le catalogue jusqu’à 50 000 titres d’ici la fin 2009 ainsi qu’une sélection de livres audio en format MP3. Évidemment, l’entreprise vend également les tablettes de lecture Sony. Une excellente nouvelle : la barrière de la langue n’est plus un argument pour rendre accessibles les livres numériques. Les prix devront cependant être intéressants et les nouveautés rendues disponibles rapidement.

Fait intéressant à souligner : à titre de partenaire de la Fondation pour l’alphabétisation, Archambault offre un livre imprimé à la Fondation pour chaque livre numérique vendu. Celle-ci les distribuera à des organismes œuvrant en formation de base.

Michel Roberge

28 août 2009

150 - Introduction aux sciences de l'information

Vient de paraître, aux Les Presses de l'Université de Montréal , cet ouvrage sous la direction de Jean-Michel Salaün et de Clément Arsenault, le « premier livre rédigé par l'ensemble des professeurs de l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI) de l’Université de Montréal ».

« Avec le web, les moteurs de recherche, les blogues et les wikis, la relation à l’information s’est transformée au point où les repères habituels s’émoussent et doivent être redéfinis de fond en comble. Du coup, le travail des archivistes et des bibliothécaires doit l’être tout autant. Riches d’une solide tradition et conscientes des défis posés par la modernité la plus radicale, les sciences de l’information se sont élargies. Mais il ne s’agit plus seulement de conserver et de diffuser le savoir, il s’agit d’en repenser le traitement et l’accès.

Conçu par l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information (EBSI) de l’Université de Montréal, cet ouvrage se situe au carrefour de deux grandes traditions, américaine et française, et a pour ambition de fournir les clés du monde des sciences de l’information en se fondant sur des savoirs pratiques et concrets. Les auteurs présentent ici un savoir à la fine pointe des sciences de l’information pour répondre à la complexité des enjeux actuels et futurs ».

Il est possible de lire, entre autres, l'introduction du livre et à consulter la bibliographie et la table des matières de l’ouvrage en cliquant ici.

« Ce livre a pour ambition de fournir à ses lecteurs les clés d’entrée dans le monde des sciences de l’information. Ces sciences se sont construites à partir de l’élaboration de savoirs professionnels qui se sont mis en place au fil du temps. » Clément Arsenault et Jean-Michel Salaün

Michel Roberge

26 août 2009

149 - La conservation des archives cinématographiques

Je lisais dans le magazine français Cahiers du Cinéma Nº 647, juillet-août 2009, que les archives cinématographiques sont en péril en Afrique. Faute de moyens, plusieurs œuvres se sont détériorées et bon nombre d’entre elles sont perdues à jamais. Ce problème s’explique par de mauvaises conditions de conservation, d’un manque de connaissance de préservation, d’un manque d’intérêt et de moyens des décideurs en place.

Cela m’amène à soulever un point qui préoccupe autant mon côté cinéphile que mon côté archiviste : est-ce que la création d’un centre de préservation des archives cinématographiques internationales pourrait être une solution convenable pour pallier ces manques? Il pourrait, par exemple, être placé sous l’égide d’une institution reconnue telle que la Criterion Collection.

Par le passé, des œuvres de grands cinéastes ont été perdues et dans la plupart des cas ce sont des films datant de l’aube du 7e art. Bien qu’étant des œuvres de fiction ces films relatent une époque et constituent un témoignage considérable tant pour l’histoire du Cinéma que pour l’Histoire elle-même. Par exemple, on compte les premières œuvres du réalisateur japonais Kenji Mizoguchi, les scènes supprimées du deuxième film d’Orson Welles The Magnificent Ambersons (réalisateur du film le plus félicité de tous les temps : Citizen Kane (1941) et certains films allemands d’entre les deux guerres. C’est sans penser aux documentaires perdus témoignant de cultures et d’époques révolues. Dans le même ordre d’idées, il ne suffit qu’à penser à la NASA qui a effacé volontairement des milliers d’heures audiovisuelles dont, notamment, les premiers pas de l’Homme sur la lune!

Néanmoins, des petits miracles n’arrivent pas seulement qu’au grand écran, le film de Carl Th. Dreyer, La passion de Jeanne d’Arc (1928), était considéré comme perdu jusqu’à ce que dans les années 1980 on retrouve une copie intacte du film dans une institution psychiatrique d’Oslo en Norvège!

Il ne faudrait pas devoir s’appuyer seulement sur les rares individus qui s’investissent personnellement comme Martin Scorsese, qui s’applique à la préservation et à la diffusion des films américains n’ayant pas la chance d’obtenir un traitement convenable ou comme Francis Ford Coppola qui finance personnellement la restauration de films tels que le Napoléon (1927) d’Abel Gance.

C’est pour cette raison qu’un organisme international pour la préservation et la restauration de ce média et art devrait être créé.

Michaël Parent

24 août 2009

148 - La gestion des connaissances à la NASA


En septembre 2008 (Billet 9), j'ai souligné un problème de gestion documentaire à la NASA : celui de la perte des cassettes vidéo relatives à la première marche sur la lune. En voici peut-être un autre. On raconte que si demain, la NASA voulait envoyer de nouveau des astronautes sur ce satellite de la terre, elle en serait incapable. Elle aurait pratiquement perdu les connaissances ou la technologie requise pour reconstruire le moteur de la nouvelle fusée Ares qui doit remplacer les navettes spatiales, version moderne de celui qui était sur la fusée Saturn V. Il semble que les scientifiques de la NASA ont dû se rendre au musée pour en connaître les caractéristiques technologiques. C'est quand même incroyable, non? La documentation des processus serait-elle déficiente dans cette agence gouvernementale américaine? Les Américains ont parfois le don de nous étonner.

Michel Roberge

21 août 2009

147 - Conseiller,ère en GID : un métier

En complément du billet 146:

Tout le monde peut avoir son opinion et sa conception de la gestion des documents. Mais une chose est certaine : du jour au lendemain, on ne peut accepter que n’importe qui s’improvise spécialiste en Gestion intégrée des documents (GID). Il s’agit d’un métier complexe avec ses caractéristiques propres comme tout autre métier.

La formation de base dans le domaine est essentielle. Elle devrait d’ailleurs être complétée par un système de mentorat un peu à l’image de la résidence en médecine. Car la plus value réelle que de tels spécialistes peuvent apporter à une organisation qui souhaite concevoir, développer, déployer, contrôler et évaluer un système performant de gestion de sa mémoire organisationnelle repose sur l’expertise acquise dans la variété des expériences vécues sur le terrain.

Dans ce métier, il n’y a pas de place pour l’improvisation. Les enjeux sont trop importants : l’information à gérer peut avoir une valeur administrative en général, économique, juridique, stratégique, patrimoniale, historique... Elle peut concerner des personnes ou impliquer d’autres organisations, servir à protéger des droits et des propriétés physiques ou intellectuelles... Les principes directeurs et les outils pour sa gestion ne peuvent être définis sans impliquer des pros du métier. Et la rigueur des interventions doit s’appuyer sur une vision et une méthodologie qui privilégient la normalisation des processus, les solutions technologiques s’intégrant en appui aux politiques, normes, directives et procédures.

Les mêmes principes ne s’appliquent-ils pas pour des ingénieurs qui doivent réaliser des ouvrages d’ingénierie, des médecins, pratiquer des greffes d’organes, des comptables, produire des états financiers…? Qui demanderait à un comptable ou à un médecin de métier d’assumer la responsabilité de la validité des plans d’un nouveau pont?

Michel Roberge

19 août 2009

146 – N’aurions-nous pas un problème identitaire?

En rédigeant mon nouveau livre sur La gestion intégrée des documents (GID), je me suis « amusé » à recenser les expressions françaises qui peuvent identifier le métier que je pratique depuis 1975 :

Archivistique
Archivistique documentaire
Gestion de l’archivage
Gestion de l’information
Gestion de l’information administrative
Gestion de l’information documentaire
Gestion de documents et des archives
Gestion de la documentation
Gestion des archives
Gestion des archives administratives et historiques

Gestion des archives et des documents
Gestion des archives historiques
Gestion des documents administratifs (GDA)
Gestion des documents administratifs et des archives (GDAA)
Gestion des documents d’archives
Gestion des documents électroniques
Gestion des documents technologiques
Gestion des dossiers
Gestion des dossiers administratifs
Gestion documentaire
Gestion électronique de l’information et des documents d’entreprise (GEIDE)
Gestion électronique des documents (GÉD)

et la plus récente :

Gestion intégrée des documents (GID).

Et attendez de voir comment les programmes de formation universitaire et collégiale du Québec ont aussi usé d’imagination dans l’intitulé des cours offerts dans le domaine! Comme on dit : une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Pas surprenant qu’on ait du mal à se positionner clairement en tant que services essentiels aux organismes publics et aux organisations du secteur privé! Ne devrait-on pas se rallier autour d’une seule et même étiquette? Pour ma part, j’ai déjà fait mon choix.

Michel Roberge

17 août 2009

145 – Ce courriel ne m’était pas destiné

Il y a quelques semaines, j’ai malencontreusement reçu un courriel qui ne m’était pas destiné. C’était la bonne adresse et mon nom était bien celui du destinataire. Mais il y avait erreur sur la personne nommée Michel Roberge. Le fichier joint à cet envoi par Internet était un rapport confidentiel d’une centaine de pages en format Word sur le comportement de certains gestionnaires d’une organisation. Il contenait des renseignements nominatifs.

En constatant l’erreur, j’ai communiqué par téléphone avec l’expéditeur très zen qui m’a répondu que pourtant cette adresse électronique était bien celle qu’on lui avait donnée et m’a tout simplement remercié de l’avoir avisé de l’erreur d’envoi. Imaginez si le même document avait plutôt été reçu par quelqu’un de malveillant. Comme quoi, il faut être particulièrement prudent dans l’expédition d’information par courriel. À tout le moins, les fichiers à transmettre peuvent être protégés par des mots de passe connus des destinataires et, par exemple, l’utilisation d’enveloppes numériques sécurisées créées au moyen des versions les plus récentes du logiciel Acrobat peut aussi être envisagée.

Il va sans dire que j’ai supprimé le courriel et le document joint, après l’avoir confirmé à mon interlocuteur inconnu pour qui cela allait de soi.

Michel Roberge

14 août 2009

144 - Pétition contre la disparition de la Direction des archives de France

Je me permets de faire le relai concernant cette pétition :

« L’Association des archivistes français déplore la disparition de la Direction des archives de France, diluée dans une Direction générale des patrimoines de France, dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP). Cette réorganisation, prévue dans un contexte d'austérité, s'accompagne d'une baisse réelle des effectifs. Elle met en cause à moyen terme la visibilité de la fonction archives voire son existence même.1) Les archives sont un outil majeur pour l’exercice de la démocratie. Elles constituent l’arsenal juridique et informationnel de l’Etat et des collectivités territoriales.L’organisation des archives dès leur production s’inscrit dans le cadre de la défense des intérêts de l’Etat et des pouvoirs publics. Un dossier se constitue et se conserve de façon active et volontaire, et non de manière passive et hasardeuse. Les archives électroniques plus encore que les autres ne peuvent être préservées si on ne se préoccupe pas de leur traitement.

La transparence administrative et le droit pour chacun de connaître les raisons des décisions de ceux qui le représentent ainsi que leur mise en œuvre ne peuvent exister sans une organisation archivistique élaborée.Or les archivistes savent bien qu’ils ne sont reconnus comme crédibles pour faire face à des destructions abusives que s’ils peuvent avoir recours à une autorité forte et clairement identifiée par l’ensemble de leurs partenaires (et non pas à un sous chef de bureau par exemple). Affaiblir cette autorité, c’est retourner à une situation vécue au XIXème siècle et qui a eu comme conséquence des pertes désastreuses de documents fondamentaux.

C’est aussi, alors qu’une nouvelle loi renforce les droits des citoyens en matière de transparence administrative et d’accès aux documents, la condamner rapidement à ne pas être véritablement appliquée.2) Les archives constituent une des principales sources de l’information du citoyen et de la recherche historique. Elles construisent au quotidien la mémoire de demain.L’affaiblissement du pilote du réseau, et de ses moyens d’action, fait planer une menace sur l’accomplissement de l’ensemble de ses missions

Le respect des règles et la normalisation des pratiques de traitement des archives sont des conditions sine qua non d’un Etat de droit. Le réseau des services agissant actuellement sous le contrôle de la Direction des archives de France comporte un millier de services d’archives, gouvernementales, territoriales et d’organismes privés chargés de missions de service public. Il a besoin d’une tête solide et visible pour l’animer et lui fournir un cadre normatif. La garantie pour les pouvoirs publics, les citoyens et les chercheurs de retrouver une information fiable et intègre passe par le maintien et même le renforcement de cette structure.

Pour toutes ces raisons, l’Association des archivistes français (AAF), qui représente une large majorité des responsables et des professionnels des services d’archives publics et privés, ne peut se résigner à ce gâchis.Nous, signataires de cette pétition, soutenons l’action de l’AAF et demandons que la fonction archives soit maintenue et développée à un haut niveau de l’Etat, visible, avec des missions renforcées de contrôle sur les archives publiques, d’appui pour les services d’archives publiques et privées, disposant des moyens nécessaires pour faire autorité vis-à-vis des administrations et des élus de tous niveaux et piloter efficacement le réseau. »

Je vous invite donc à signer et à commenter la pétition en appui à nos collègues français.

Personnellement, je suis d’avis que les Archives d’un pays ne doivent pas être confinées à une direction à vocation uniquement culturelle. Les archives sont l’aboutissement d’un ensemble d’activités de gestion. L’institution doit avoir le même statut que les autres ministères et organismes de l’administration publique. Elle doit posséder toute la visibilité afin de jouter son rôle tant auprès des citoyens que des autres administrations auprès desquelles elle apporte son soutien au « Records Management ». Et il ne faut surtout pas noyer les Archives nationales dans la structure gouvernementale. Le Québec, à l’instar du Canada, l’a malheureusement fait dans un organisme autonome où prédomine la fonction « bibliothèque nationale » : le site Web de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et sa mission (la fonction conseil en gestion des documents et conservation des archives publiques n’apparaissent que dans les 2 derniers paragraphes) contribuent à appuyer cette affirmation.

Michel Roberge

12 août 2009

143 - Une intéressante exposition virtuelle des archives de la Ville de Québec

La division de la Gestion des documents et des archives de la Ville de Québec vient de mettre en ligne sur son site Web neuf expositions virtuelles qui regroupent près de 300 images d’archives : le célèbre Château Frontenac, sa construction et ses employés, le Palais Montcalm, Québec à vol d’oiseau, la vie à Québec, Québec en gravures, des cartes postales et le 300e anniversaire de la ville en 1908.

Michel Roberge

10 août 2009

142 - Plus de 2000 tonnes de déchets informatiques

Les adeptes du « tout numérique », expression plus utilisée de nos jours en lieu et place du « bureau sans papier », aiment bien mettre en évidence que cette approche a un impact écologique positif. Que dire de cet entrefilet publié dans le journal Le Soleil de Québec, le dimanche 12 juillet 2009 : on y apprend que le gouvernement canadien a dû lancer un appel d'offres pour l'élimination de ses « vieux ordinateurs et autre matériel informatique qui n'ont pas trouvé preneurs [dans le cadre] des programmes de remise en état et de ventes de produits excédentaires. » Pas moins de « 2045 tonnes de déchets électroniques et électriques de ses ministères, l'équivalent du poids de 225 autobus scolaires » à disposer de façon écologique et sécuritaire dans des sites d'enfouissement.

Et, dans le même ordre d’idée, si vous avez 20 minutes, vous serez aussi bouleversé en visionnant cette vidéo intitulée Ghana : Digital Dumping Ground disponible sur le site Web de Frontline World – Stories from a small planet pour constater à quel point certains humains portent ce titre sans le mériter. Et par la même occasion, jetez un œil au diaporama qu’on y trouve : de quoi être encore plus dégoûté.

Merci aux étudiants en journalisme de l’University of British Columbia (UBC) de nous avoir sensibilisés à un autre visage de l’impact environnemental dit « positif » des TI. Espérons que le soumissionnaire gagnant de l’appel d’offres du gouvernement canadien n’a pas l’intention d’expédier nos déchets sur le territoire africain!

Michel Roberge